KablaG schreef op 4 december 2017 16:46:
(Boursier.com) — "Nous ne nous occupons pas assez bien de nos clients chez SFR", a reconnu mercredi le patron d'Altice, la maison mère de l'opérateur mobile dont les résultats ont déçu, faisant plonger l'action Altice ces derniers jours. Celle-ci a toutefois rebondi mercredi de 8% à la Bourse d'Amsterdam, après avoir essuyé un plongeon de plus de 40% en 10 jours.
Confronté à une crise de confiance sans précédent des marchés financiers, Patrick Drahi est monté au créneau mercredi devant les analystes financiers pour tenter de les rassurer sur la santé financière de son empire de médias et de télécoms (SFR, BFMTV, L'Express, Portugal Telecom...)
Lors d'une conférence organisée par Morgan Stanley à l'occasion du Salon mondial des télécoms à Barcelone, le président et fondateur d'Altice a reconnu que chez SFR (le deuxième opérateur mobile français), "on vend mal nos produits et on ne s'occupe pas assez bien de nos clients".
Au 3ème trimestre, SFR a perdu 75.000 abonnés dans le fixe (plus qu'au T2, -16.000), et dans le mobile, l'opérateur en a acquis à peine 16.000, contre un gain de 320.000 pour son concurrent Orange. En conséquence, Altice ne vise plus qu'un Ebitda ajusté annuel de l'ordre de 6% pour 2017 plutôt que de 9% prévu précédemment...
Priorité à SFR et au remboursement de la dette, promet Drahi
Patrick Drahi a promis de donner la priorité aux clients existants et à la réduction de la dette. Il a annoncé une pause dans les fusions-acquisitions que le groupe a menées tambour battant ces dernières années, accumulant en chemin une dette de près de 50 milliards d'euros.
"Nous allons rapidement faire baisser la dette en Europe, c'est la priorité. Il n'y aura pas d'opération de fusion ou d'acquisition à court terme", a-t-il assuré, ajoutant que SFR pourrait céder des actifs non essentiels, notamment les tours télécoms.
Après l'annonce, le 2 novembre dernier, de résultats décevants au 3ème trimestre, essentiellement liés à une contre-performance de SFR, l'action Altice, cotée à Amsterdam, s'est effondrée de près de 45%, les marchés doutant de la capacité du groupe à rembourser ses dettes. Mercredi, le titre a cependant rebondi de près de 8% signant sa première hausse en 9 séances, après les propos de Patrick Drahi...
Exit Michel Combes, reprise en main par Drahi et ses hommes de confiance
Vendredi dernier, l'homme d'affaires franco-israélien, qui reste en général en retrait de toutes les fonctions opérationnelles, a repris en main le groupe Altice, revenant aux commandes avec le titre de président du conseil d'administration.
Michel Combes, à la fois directeur général d'Altice et PDG de SFR, a été remercié. Le patron d'Altice USA, Dexter Goei, a de son coté repris le poste de directeur général d'Altice, tandis qu'Alain Weill, fondateur de NextRadio TV (BFMTV, RMC...), groupe racheté par Altice, est devenu le PDG de SFR-Altice.
Patrick Drahi a précisé mercredi qu'Alain Weill sera avant tout en charge de la partie média (développement des contenus gratuits et payants) et des relations du groupe avec les institutionnels et les politiques. C'est Armando Peireira, partenaire historique de Patrick Drahi, qui sera chargé des télécoms et du développement des réseaux.
Les analystes financiers échaudés, le gouvernement "attentif"
Depuis une semaine, de nombreux analystes ont revu en baisse leur valorisation d'Altice. Parmi eux, le courtier Bryan Garnier a estimé mercredi que "la récente chute de l'action est principalement causée par une perte de confiance dans la capacité d'Altice à redresser ses opérations en France, un problème qui à mon sens ne vient pas tant de la stratégie que de son exécution, ce qui aboutit à générer des tensions accrus sur la structure capitalistique du groupe".
L'analyste reste néanmoins à l'achat sur le titre, avec un objectif de cours ramené de 22,80 euros à 15,20 euros (contre 9,61 euros mercredi soir).
Par ailleurs, le porte-parole du gouvernement Christophe Castaner a indiqué mercredi que le gouvernement regardait "avec attention" la situation du groupe de Patrick Drahi, mais qu'il ne souhaitait pas la commenter.
"C'est une entreprise privée... Evidemment comme elle porte des emplois, des infrastructures, elle porte aussi l'économie française, nous regardons cela avec attention mais je ne commenterai pas la situation d'une entreprise privée", a dit M. Castaner lors du compte rendu du conseil des ministres.